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يوسف يافين
دخل الصبي إلى المقهى متأبطا صندوقه الصغير ، رمقه النادل بنظرة حادة ثم داس على صرصار كان يحاول تسلق الطاولة و بصق على الأرض.. وزع حمودة نظرات خاطفة على الزبائن المنشغلين بقراءة الجرائد الصباحية ، و كان بعضهم يتجادلون حول الخبر المثير الذي حملته رياح الخريف.. تلقى إشارة صامتة من رجل عجوز نسيه عزرائيل ، ألقى بالسيجارة الرديئة و انحنى على ركبته الوحيدة ، أخرج الممسحة و الفرشاة و استسلم لقطرات اللعاب المتطايرة من فم الرجل الذي لا يكف عن السعال و التدخين…
صار يميل إلى هذه المهنة كثيرا و يفضلها على بيع المناديل في إشارات المرور ، حتى مهنة بيع السجائر لم تعد تجذبه كثيرا لأنه يدخن أكثر مما يبيع ، أحيانا يذهب إلى المزبلة الكبيرة ، ينقب عن علب الألمنيوم و الأسلاك النحاسية ، و القنينات البلاستيكية و أشياء أخرى ، يبيعها في سوق الخردة و يشتري بنقودها سجائر مهربة و طبق بصارة أو عدس ...
بعد أن انتهى من التلميع منحه العجوز درهما يتيما و أشاح بوجهه ، كأنه يشمئز من ثيابه المتعفنة و شعره المتسخ ، حاول أن يعترض و أن يطالب بدرهم إضافي لكنه استسلم حين رأى النادل يقترب.. ناداه شاب بدين تبدو على خذه آثار ضربة سكين ، أسرع الخطى رغم ثقل العكاز و انحنى كالعادة ، لا بد أن ينحني إذا أراد الدراهم ، هذا ما علمته الأيام التي تعودت على صفعه منذ أن جاء إلى الدنيا بعد لحظة شهوة عابرة .. بينما هو منهمك في إزالة القذارة تسلل إلى مسامعه الحوار الدائر بين الزبون والرجل الجالس عن يمينه :
- و الله هذا المسئول شديد الدهاء ..عرف من أين تؤكل الكتف..
- ابن المحظوظة !.. انتهز الفرصة دون تردد ...
- اللهم ارزقنا مثلما رزقته !...
في غمرة انشغاله بالتلميع لمح ورقة مئة درهم تسقط و تستلقي تحت الطاولة مثل العروس ، تباعدت المسافة بين شفتيه و اتسعت عيناه و هو يحملق في الهدية التي أرسلتها الأقدار على غير العادة ، ذهبت به الأفكار بسرعة إلى محل الملابس المستعملة ، تخيل نفسه يشتري حذاء و بنطالا و قميصا مزركشا وفكر أيضا أن يذهب إلى الحمام ليبدو نظيفا مثل أطفال المدارس .. تنبه على صوت النقاش الدائر :
- سمعت أن المبلغ كان مخصصا لبناء سجن جديد ..
- لا .. بل لبناء ملعب غولف ..
- مئة مليون درهم !...
لم يدرك حمودة حجم المبلغ لكنه فكر في نفسه : ( حين تمسك الحكومة باللص ابن القبيحة فربما تنفق شيئا من تلك الأموال في ترميم الحديقة القديمة حيث أنام ، وقد تمنحني بطانية دافئة ، الشتاء على الأبواب و أنا أكره الليالي الباردة ، أحتاج لخيمة صغيرة ...)
انشغل في التفكير ، كيف يخطف الورقة دون أن ينتبه له أحد ، تماطل في التلميع و كان الزبون ينهره و يطالبه بالإسراع . بعد تردد طويل قرر أن يغامر ، مد يده ببطء و حذر كالثعلب الماكر ، لمسها بأطراف أصابعه ، قبض عليها و في نفس اللحظة تحركت قدم الزبون و استقرت فوق يده تماما ، انحنى الشاب البدين و لما أدرك ما كان يجري انتصب واقفا و ظل جاثما بجسده الضخم فوق الكف الصغيرة ، شرع حمودة في الصراخ ، استعطف و بكى و باس الحذاء ، و جاء النادل مسرعا بهراوة غليظة ...
Sous l’ombre des souliers
Allal Ahmed Ferri
L’enfant pénétra dans le café avec sa petite caisse sous les bras, le serveur jeta un regard dur sur lui puis il écrasa un cafard qui tentait de remonter la table et cracha sur le sol.. Hammouda distribua des regards brefs sur les clients qui étaient occupés à lire les journeaux du matin tandis que certains autres discutaient de la l’incroyable nouvelle que les vents de l’automne ont amené. Un vieil homme que la faucheuse avait omis d’emporter lui fit signe de s’approcher, il jeta sa cigarette minable et se pencha sur son unique genou, il prit le chiffon et la brosse dans son petit caisson et il se mit à la merci de la pluie de crachats qui tombait depuis la bouche du vieillard qui ne pouvait s’arrêter de fumer et de tousser…
Il était devenu beaucoup très attaché à ce métier qu’il préférait à ce petit commerce de papiers-mouchoirs dans les carrefours et les ronds-points. Vendre les cigarettes en détail ne lui disait presque plus rien comme il en fumait plus qu’il n’en vendait. Il allait parfois à la grande décharge où il ramassait les boîtes en aluminium, les fils de cuivre, les bouteilles en plastique et bien d’autres choses encore qu’il vendait au marché de ferrailles pour aller acheter avec l’argent qu’il en gagnait des cigarettes de contrebande et un plat de lentilles ou de soupe de fèves.
Après qu’il eut terminé le polissage, le vieillard lui tendit un petit dirham et il détourna sa tête de lui comme s’il se dégoûtait des habits de cet enfant et de ses cheveux tous deux sales. L’enfant a tenté de se plaindre et de réclamer un dirham supplémentaire mais il n’osa pas comme il aperçut le serveur venir vers eux..
Un gros jeune homme dont le visage portait la plaie d’un couteau l’appela. Le petit pressa le pas vers lui malgré l’inconfort que lui posait son piquet et il se replia devant lui comme il avait l’habitude de faire. Il est forcé de se pencher pour gagner ses sous. C’est ce que lui a apprit le temps qui avait prit ; lui, la coutume de lui donner gifle après gifle depuis qu’il est venu au monde suite à un moment de partage de ces désirs passionnés passagers. Pendant qu’il était occupé à nettoyer les saletés, il parvint à son oreille ce discours qui tournait entre le client et l’homme qui était assis à sa droite :
- Ce responsable administratif a été vraiment d’une adresse, mais !.. il a bien su comment s’y prendre ce renard..
- Ah, le fils heureux ! Il a bien su profiter de la situation sans hésiter un seul petit moment…
- Puissiez-vous ; ô Dieu, nous donner de même… !
Il était très occupé à polir les souliers de son client quand il vit dans un moment un billet de cent dirhams tomber et s’étendre chaleureusement sous la table comme le fait une mariée. Il en eut la bouche-bée et les yeux grands-ouverts cependant qu’il lorgnait ce petit joyau que le ciel lui envoya bien à l’encontre de ce à quoi il l’a accoutumé jusqu’à présent. Ses pensées l’amenaient vite aux boutiques des habits usés, il s’y vit acheter des chaussures, un pantalon et une chemise luxuriante. Il a pensé aussi à aller au bain pour qu’il apparaisse aussi propre que les enfants des écoles. Il revint de ses pensées sur les tons de voix bien plongées dans une discussion :
- J’ai entendu dire que le budget était attribué à la construction d’un nouveau pénitencier..
- Mais non !.. à la construction d’un terrain de golf plutôt..
- Cent millions de dirhams… !
Hammouda n’a pas pu se faire une idée sur le montant de la somme, mais il pensa pourtant dans sa tête : (quand le gouvernement aura enfin arrêté le voleur, ce fils de mégère, peut-être en dépenserait il une partie sur le reboisement du vieux jardin où je passe mes nuits, peut-être m’offrirait il une couverture douillette. C’est bientôt l’hiver et je hais ses nuits froides, j’ai besoin d’un petit taudis)…
Il était pris dans ses pensées ! Comment ferait-il pour ramasser le billet sans que personne ne s’en aperçoive. Il prit tout son temps dans le polissage des souliers de son client pendant que celui-ci ne cessait de l’engueuler et de lui demander de faire plus vite. Après un grand moment d’hésitation, il décida enfin de tenter le coup. Il tendit sa main tout doucement et dans toutes les précautions possibles comme le ferait le plus rusé des renards. Il le toucha des bouts de ses doigts et il l’empoigna au même moment où se levait le pied d’un client pour se poser droit sur sa main. Le gros jeune homme se pencha et aussitôt qu’il s’est aperçu de ce dont il s’agissait il se redressa et posa le poids de tout son corps géant sur cette petite main. Hammouda commença à crier très fort, il suppliait, pleurait et.. baisait les souliers quand arriva aussi le serveur avec un grand bâton à la main…